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La lettre d'Elise
Une île presque déserte
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Une île presque déserte

Il n'y a pas si longtemps j'étais un homme libre.
C'était hier, mais je ne veux pas en me retournant embrasser les remords d'un temps révolu, je ne veux que me souvenir, rien d'autre.
Si je fais le compte, et il est très vite fait, il ne me reste que çà, des images, des paroles, rien de bien solide et qui pourrait me tenir compagnie aujourd'hui. Ni d'ailleurs me tenir au ventre.
- Tu en penses quoi toi ?
Lui c'est mon compagnon de misère, il n'a pas l'air mieux nourri que moi, il ferait sans doute mieux de s'occuper de ses affaires, mais il doit bien m'aimer. Il ne répondra pas, les goélands même quand ils sont devenus des amis, ne parlent pas.
Je tiens donc avec lui de longues conversations qui ne sont que des pauvres monologues, mais qu'il ponctue par des claquements de bec ou d'étranges sons qui semblent venir de sa gorge. Je me dis parfois qu'il va réussir à parler, c'est certain, il en a tellement envie et moi aussi, que bientôt nous allons dire notre premier mot.
- Tac-tac ?
Il s'approche avec son déhanché cocasse de cou et de pattes, docile et résigné.
- C'est sûr Tac-tac, tu vas parler, bientôt.
Voilà des mois que je suis ici, treize mois et douze jours exactement, c'est un mauvais moment à passer quand tout va bien. Là où je suis c'est plus qu'une éternité, et je sais que personne ne viendra me tirer de mon embarras avant longtemps.
- Un jour tu sais, tu verras apparaître une voile au lointain, là bas sur l'horizon, toi tu serais capable d'aller la chercher d'un coup d'aile. Et puis elle s'approchera.
Je me demande si je le peine, cette voile sera aussi la fin définitive de notre rencontre, on n'a jamais vu un goéland vivre parmi les hommes.
- Mais je t'emmènerai avec moi. D'ici là tu sauras parler, et c'est certain, nous ferons bonne fortune en nous produisant ici et là. Oui, avec un mot ou deux, notre bonheur sera fait.
Il regarde l'horizon comme s'il s'attendait à voir l'importun arriver, il lui réservera un mauvais accueil sans doute. Mais il est rassuré il n'y a rien, il n'y aura jamais rien à voir. Je ne cherche qu'à me distraire de mes peurs.
Nous allons rester tout à fait seuls.
- Alors tu la vois cette voile ?
Je lui parle un peu comme à un enfant, naturellement si j'emploie des mots trop compliqués, ou si j'utilise des tournures de phrases trop alambiquées, il ne réussira jamais à reproduire les sons entendus.
Cela ne veut pas dire que je ne le pense pas intelligent, au contraire. Mais il faut bien débuter par le plus simple. De plus je ne vais pas commencer à lui expliquer que ce ne sera pas nécessairement une voile, ce peuvent en être plusieurs, nombreuses mêmes.
Comme celles qui m'ont débarqué ici, je ne sais plus sous quel prétexte.
- Si je m'en souviens très bien Tac-tac, et tu ne risques pas de le répéter à quiconque, pas encore. Vois-tu…
Il s'est approché, il fait semblant d'être intéressé, mon histoire va retenir son attention quelques minutes, ensuite il ira survoler notre île, il s'éloignera, je vais m'inquiéter pour lui, pendant qu'il pêchera de quoi satisfaire son estomac de goéland, qu'il jouera au-dessus des flots pour troubler la surface monotone de son ennui.
- J'étais sur un grand navire tu sais, il y avait là des hommes par dizaines qui s'occupaient de la bonne conduite de celui là. Moi j'étais charpentier. Le meilleur charpentier de toute la côte. Un jour où le soleil m'a tapé sur la tête j'ai volé dans la cambuse Tu sais ce que c'est la cambuse ?
Il y a quand même un inconvénient à discuter avec un oiseau, aussi noble soit-il, c'est qu'il n'est jamais pressé de vous répondre. Il ne sait pas ce qu'est la cambuse, je dois lui expliquer.
- C'est l'endroit entre cale et faux-pont où l'on stocke tout ce qui se mange ou se boit, c'est là aussi où j'ai commis la plus grosse bêtise de ma vie, juste après celle d'avoir voulu m'embarquer pour sillonner les océans et connaître le monde.
Et maintenant je suis seul, sur un morceau de terre qui ne doit pas être plus grand qu'une chiure de mouche vu de la hune du mât de misaine.
- J'étais chargé de ravauder notre vaisseau après les tempêtes et les estourbies avec les anglais, ce soir là j'avais abusé du rhum après un beau combat, et j'ai voulu plus que ma part d'alcool, alors je l'ai volée! Et on m'a pris avec mon larcin.
Je n'étais pas fier de cette histoire, mais mon oiseau garderai le secret, et puis cela faisait du bien de pouvoir se confier à quelqu'un fût-ce un goéland.
- Oui je sais ça ne se fait pas de voler, mais j'ai été bien puni tu sais, comme le veut la tradition, on m'a juste donné le choix de la punition, entre apprendre à nager avec une pierre attachée aux pieds ou être abandonné sur le prochain îlot rencontré. Entre servir de nourriture aux poissons et mourir comme un gueux sur un rocher j'ai choisi.
Et nous voilà tous les deux.
Je pensais quand on m'a débarqué sur cet îlot que tout valait mieux que la mort. J'étais même heureux quand j'ai découvert ce bout de terre abandonné, au demeurant pour un homme seul c'est une terre immense.
Je suis monté sur le promontoire qui domine la mer, on embrasse la totalité de la côte, faite de falaises et de plages, c'est un lieu où il ferait bon vivre sans conteste. La nature a doté l'endroit d'une petite rivière, d'une forêt qui court sur les pentes vers l'ouest, d'eaux poissonneuses, et d'animaux divers et abondants dont j'ignore le nom mais forts bons.
C'est un endroit magnifique et luxuriant, mais j'y suis seul, seul avec mon goéland qui ne sait pas encore parler.
Je ne suis pas né de la dernière pluie, et avant de partir sur les océans, j'avais entendu parler d'hommes ainsi abandonnés à leur sort, devenus fous, ou morts de faim. Quand ils n'avaient pas été dévorés par des bêtes plus affamées qu'eux.
Mais celui qui vous les raconte peut toujours les raconter sous le serment de la vérité, et qu'il meure s'il ment, vous qui êtes bien tranquillement attablé avec vos amis devant une bonne chope, vous prenez ses discours pour billevesées d'ivrogne.
Le conteur se fâche sous les rires, qui voudrait l'accompagner sur un caillou désert perdu on ne sait où. Qui embarquerait d'ailleurs après de telles histoires ! Personne, car personne ne peut dire qu'il sera au-dessus de la moindre tentation, du moindre écart, pendant des jours et des mois de mer.
- C'est ce qui m'est arrivé pourtant. Nous voguions depuis trois semaines sans voir une voile amie ou ennemie avant de tomber sur ces anglais. Après cette prise nous avons eu droit à deux pintes de rhum qui n'ont pas su me désaltérer. Voilà.
Je ne vais pas lui dire que je me sens prisonnier de son île, alors que je suis libre comme l'air, autant que lui ou presque d'aller et venir. C'est une bien étrange sensation de se sentir enfermé alors que les seuls murs de votre geôle sont ceux de votre imagination. Rien ne me retient ici plus que quelques pas ici ou là. Je peux marcher des heures, courir, pêcher, chasser, faire du feu, explorer une caverne un peu sombre. Je suis libre. Il faut bien comprendre cela, je suis libre, et prisonnier de mon île. Celui qui dort au fond d'une cale ou d'un cul de basse fosse se sentira contraint, les parois de sa cellule lui sembleront d'inaccessibles montagnes, moi je suis au grand air et j'en suis plus malade encore.
- L'immensité ne sert à rien mon garçon, que ce soit un cachot ou le ciel sans limite, c'est la même chose. Ce qui importe vraiment c'est la solitude. Quand tu sauras parler je ne regretterai plus mon choix. En attendant, si tu veux bien te pousser un peu je vais aller pêcher.
Quand on m'a jeté du canot pour que je gagne par mes propres moyens le rivage, j'ai d'abord trouvé ma nouvelle demeure paradisiaque. Si l'on considère qu'en plus j'échappais à une mort peu glorieuse, j'avais toutes les raisons d'être satisfait.
Je croyais qu'une bonne occasion de partir passerait bientôt aux environs, suffisamment près pour que je puisse faire remarquer ma présence. J'ai voulu y croire, mais cette route n'est fréquentée par personne puisqu'elle ne mène nulle part, et je ne vois pas qui viendrai sur cette île autrement qu'en y étant obligé.
Il peut s'écouler dix ans avant qu'un navire en mal d'eau douce ou de quelques bonnes pièces de bois pour réparer après une tempête, vienne tremper son ancre par ici.
- Te revoilà toi ! As-tu appris quelque mot que tu pourrais venir susurrer à mon oreille ?
Mon goéland est revenu juste à mes côtés. Il ne sait rien de tout cela et il s'en moque.
Peut être sait-il que non loin d'ici existe une terre moins inhospitalière, j'ai voyagé deux jours aux fers dans la cale, mais lui qui voit tout de plus haut, il saurait me dire ce qu'il faut faire, vers où je dois aller.
- Ecoute moi bien, tu construis un radeau, il n'a pas besoin d'être très solide, tu iras ensuite dans la direction de mon bec, et à quelques heures d'ici d'une mer sans heurt, vivent des gens qui te ressemblent. Leur île est comme celle-ci, mais beaucoup plus grande, et ils t'accueilleront à bras ouverts.
Voilà c'est dit mon oiseau, il faut que tu parles, c'est à cette seule condition que tu pourras m'indiquer la bonne route, ou bien devrais-je me fier à ces rumeurs dans ma tête qui me disent plutôt ici que là. Tu dois le savoir.
Quand il s'éloigne, il le fait toujours dans la même direction, comme s'il voulait me signifier qu'en poursuivant droit devant je trouverai enfin d'autres hommes avec qui parler. Me fait-il signe, ou bien ce n'est que les eaux sont plus propices à la pêche vers l'ouest. A moins qu'il ne retrouve par là ses congénères qui eux devisent dans la même langue. Il ne me dit rien, alors comment savoir. Je dois imaginer.
- C'est d'accord demain nous commencerons par couper quelques troncs, avant d'être déchu, j'étais le meilleur charpentier. Je sais, tu vas me dire que je n'ai pas mes outils, mais nous allons nous débrouiller. Je ne te promets pas un navire avec bords et mâts, mais au moins de quoi rejoindre cette terre que tu me désignes.
Son déhanché de tête me confirme dans mon idée, depuis des semaines il attendait que je me décide, que je prenne cette décision.
- Tu aurais pu me le dire plus tôt. J'avais bien eu cette impression déjà, mais je suis comme un aveugle, mais tout va changer maintenant que nous savons où aller.
Pour tout dire il ne m'a pas beaucoup aidé durant la construction de l'esquif qui devait m'amener où vivaient des hommes.
J'en avais le sourire qui montait à mes lèvres presque inconsciemment, revoir des êtres humains ! Comme ce qui vous paraissait normal un an auparavant peut soudainement devenir simplement vital dès lors que vous venez à en manquer.
Je pouvais toujours courir, monter dans un arbre, nager, avoir froid ou mal, mais pour ce qui était d'entendre une voix il fallait faire un effort supplémentaire.
- Tu vois mon ami, je souhaiterais presque voir apparaître le grand mât du navire qui m'a abandonné ici, quitte à périr cette fois avec un morceau de vieille fonte liée à mes pieds. Ce serait un bonheur simplement d'entendre le bosco annoncer ma condamnation aux autres marins. Tu comprends ?
Le silence se fait plus fort.
- Je pourrais leur parler une dernière fois, entendre des voix, un chant sourd, une parole ! Ici il n'y a que le bruit des vagues et du vent. Je sais bien que tu fais des efforts, mais il faut admettre que pour le moment nous nous parlons quand même très peu.
J'ai peut être une idée.
- Ou aimerais-tu mieux que j'apprenne ta langue, si tu en as une ? Je ne suis pas contre, tu pourrais me décrire tout ce que tu vois, du ciel ce doit être magnifique. Tu m'expliquerais comme pêcher, plonger. Je pourrais apprendre à voler avec tes conseils éclairés.
Je regarde le promontoire qui domine mon île, de là je m'envolerais jusqu'au continent le plus proche, il pourrait me guider.
De grosses gouttes de sueur roulent dans mon dos, j'ai parfois peur de mes pensées. Je n'apprendrai jamais à voler, et si l'envie devait m'en prendre au point de me lancer dans les airs, je terminerais en bas des rochers. Je n'y resterais pas longtemps bien sûr, car il y a quelques bêtes par ici qui ne demanderaient pas mieux que de faire disparaître ma carcasse.
Je veux juste entendre de nouveau une voix. Même une phrase, même un mot. Voilà mon obsession pendant que je travaille à mon projet.
Pas question de ciseau à bois ou de varlope, je n'ai que des galets éclatés pour tailler le bois et les lianes. J'ai bien mon couteau qu'on m'a laissé avec mon briquet d'étoupe, c'est la coutume. Ainsi ceux qui sont abandonnées à leur sort, comme je le fus, peuvent toujours se donner un mauvais coup pour abréger leur souffrance, ces deux outils peuvent aussi les tirer d'affaire et les aider à survivre.
Mais je préfère ne pas risquer ma lame dans cette entreprise de construction, elle est de bien meilleur service pour découper mes prises de chasse et de pêche. Je m'accroche à ce couteau comme à ma vie, tant qu'il sera dans ma main et utile à autre chose qu'à faire des ronds dans l'eau, je serai vivant. Aussi longtemps mon exil devrait-il durer, et si je dois disparaître, il disparaîtra avec moi. Il n'a aucune histoire autre que la mienne, mais j'en ai décidé ainsi, nous ne faisons qu'un.
Alors je taille, je coupe, je râpe, ce n'est pas le temps qui me presse, mais je dois faire attention malgré tout Cela fait quelque temps déjà que je ne note plus les jours et les nuits qui passent. Le temps m'importe peu, mais curieusement je veux connaître à tout prix le jour où nous sommes, je garde ainsi de cette manière la certitude d'être maître de mon destin. C'est mon lien à la vie, et à la raison. Si je le perds je meurs, ou je sombre dans la folie, ce qui reviendra au même.
- Nous partirons jeudi.
- Tac-tac.
C'est la première fois qu'il me répond, dans ses habitudes il vocifère quand bon lui semble, là il semble m'approuver juste quand il faut.
J'aurais pris son silence pour désinvolture, mais son acquiescement me conforte dans ma décision et me rassure pourquoi ne pas l'avouer.
- Je suis content que tu m'approuves.
- Tac-tac.
Je le sais, ceux qui liraient ces lignes penseraient que je suis déjà dément et que ces mois d'isolement à parler avec un goéland dont je ne sais même pas si c'est un mâle ou une femelle, mais je pense que c'est une femelle, m'ont gâté la cervelle. Que je suis d'ores et déjà puni de mon larcin et que les jours qui me restent feront plus de vent dans ma tête que dans les voiles d'un navire qui ne viendra jamais s'avitailler ici.
Peu m'importe puisque nous allons prendre la mer tous les deux, moi en me laissant errer au gré des courants et de mes rames de fortune, lui ou elle à celui de son imagination. Mais je lui fais confiance, ça ne doit pas être si difficile de le suivre et j'ai en mémoire l'une de ces histoires que l'on racontait parfois à la taverne ou sur le pont, quand l'ennui donnait chaud à la tête, ou bien était-ce le rhum.
On racontait entre deux verres qu'en suivant au mieux des cormorans, un marin naufragé avait un jour retrouvé la terre ferme, l'époque même de son miracle était incertaine, allant de l'an dernier à un temps plus ancien. Mais si l'espoir peut faire vivre ou mourir, pour un marin il fait vivre dans celui d'apercevoir de nouveau la côte.
Mon travail de construction navale était bien en train et certainement nous aurions pris la mer à la date prévue, quand ils sont arrivés.
C'est lui le premier qui s'est aperçu que quelque chose venait de changer, il me l'a bien fait savoir en poussant des braillements de mécontentement qui devaient s'entendre bien au-delà des océans.
Tac-tac s'est envolé vers les arbres, il savait pouvoir y trouver la tranquillité, derrière il y avait la mer, son monde à lui, où rien ne pouvait lui arriver.
J'ai de bons yeux, j'ai compris tout de suite que le pavillon qui s'approchait ne m'était pas inconnu, le navire était encore sur l'horizon, mais je suis certain de connaître le nom de ce bosco là, Croque la mort. Celui du maître canonnier, le Borgne…chaque surnom de chaque homme, de ceux qui restent en tous cas encore debout après ces mois de campagne.
Le navire qui m'avait débarqué revenait prendre de mes nouvelles, et par nature et connaissance du métier je savais que la curiosité n'avait rien à voir dans cette affaire. On revenait, c'était soit pour me pendre haut et court, mais je n'en valais pas le déplacement, plus sûrement parce qu'on avait besoin urgent d'un charpentier. Parce que celui qui occupait ce poste avait du prendre un mauvais coup qui le rendait incapable de prendre ses deux mains pour repriser la coque.
Ils étaient loin encore, mais le soleil était derrière eux dans le jour tombant et découpait la silhouette du navire avec précision sur mes rétines. Au moins deux mâts manquaient et il accusait une gîte à bâbord.
On venait se mettre à l'ancre et au calme pour réparer, et on daignait se souvenir de moi, Martin, le maître charpentier.
J'ai commencé par m'éloigner en montant vers le promontoire, on me chercherait en vain sur cette île devenue mon territoire par la force des choses et le désir des hommes. Mon exil brusquement ne me pesait plus, je n'avais plus tant caprice à connaître de nouveau le monde des humains et leurs querelles. C'était ici chez moi désormais avec Tac-tac, qui devait me considérer d'en haut.
Après avoir volé mes camarades de mer, me fallait-il trahir le seul qui s'était intéressé à moi ces derniers mois et m'avait aidé à surmonter les difficultés ?
Alors j'ai fait la seule chose possible, je suis revenu sur la plage, près des rochers là où j'avais ma cabane. Et je me suis assis sur une souche, les mains vers le brasier, il commençait à faire frais dans la nuit tombante.
J'ai attendu un peu et j'ai jeté mon embarcation de fortune dans le feu, il doit se voir de loin ce feu, dans la nuit noire il va attirer vers lui et vers les rochers ce fier vaisseau de deuxième rang avec ses 74 canons, au demeurant déjà bien estropié. Les hommes se sortiront de ce naufrage, la mer est belle et la côte proche, puis ils feront comme moi, ils s'habitueront à leur exil forcé.
Le mien ne l'est plus à compter de ce jour et je suis de nouveau libre.
Puisque je ne veux plus partir, eux, ils resteront.
Tac-tac est venu se poser près de moi, je crois qu'il parlera bientôt, et je sais qu'il pense que j'ai fait un bon choix.