Crépuscules
C'était un soir d'hiver qu'un vent plein de malice
Balayait sens dessus, sans retenue aucune,
Cognant et tempêtant d'un sourire complice
Aux volets défraîchis de mon âme importune.
Un soir de vent frondeur et de neige mêlés,
Qui s'épousent en vociférant et soulèvent
Dans le blanc fracas de leurs jeux échevelés
Des souvenirs cuisants, le sang de mauvais rêves.
Un soir comme autrefois, près d'une cheminée,
A contempler le feu faire danser ses flammes,
A s'inventer d'un trait d'étranges destinées,
Aimant sans plus finir, d'imaginaires femmes.
Un soir à écouter les arbres se morfondre,
Agités de terreur, agonisant leur plainte,
Témoins immobiles de ce jour qui s'effondre,
Jouets désabusés d'une coupable étreinte
Un soir d'enfant qui déjà se frotte les mains,
Pensant aux glissades dans la cour de l'école,
Aux batailles de neige au détour d'un chemin,
Aux bonhommes pressés qui déjà caracolent.
Un soir qui d'un coup fait renâitre des images,
Fait resurgir des voix, des moments oubliés,
Un passé qui s'agite et demande l'hommage,
Souvenirs turbulents de pleins et de déliés.
Un rude soir d'hiver où s'éteignait Décembre,
Où le monde en entier fondait en cape blanche,
Spectacle hallucinant entrevu de ma chambre,
Un rude soir d'hiver qui prenait sa revanche.
| | Alors j'ouvre les murs, j'abandonne la nuit,
Je laisse à d'autres jours les mauvaises pensées
Le quotidien frappé aux armes de l'ennui,
Pour aimer maintenant une autre fiancée.
Crépuscules. Et si c'était elle ?
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